Jeudi
12 août : action contre le chantier du futur “restaurant” Mac Donald’s
de Millau, à l’appel du Syndicat des producteurs de lait de brebis (SPLB) et
de la Confédération Paysanne, pour protester contre les sanctions commerciales
imposées par les USA, notamment sur le roquefort. Une distribution gratuite de
fromage est organisée, à la joie des automobilistes, tandis que quelques
cloisons intérieures du bâtiment en construction sont démontées et portées
en cortège de tracteurs jusqu’à la sous-préfecture.
Samedi
14 août : dépôt de plainte de la société Gamma Sud et de la filiale Mac
Donald’s France.
Mardi
17 août : arrestation à l’aube de Jacques Barthélémy, Raymond Fabrègues, Léon
Maillé, Jean-Emile Sanchez et Christian Roqueirol. José Bové, parti en
vacances le samedi précédent, ne peut être interpellé. Les cinq sont transférés
au commissariat de Millau, ceinturé par une centaine de CRS. Après quinze
heures de procédure, ils sont mis en examen Le premier est relâché. Les
quatre autres, tous paysans du Larzac, sont placés sous mandat de dépôt. Les
deux premiers sont transférés à la prison d’Albi, les deux derniers à
celle de Mende.
Mercredi
18 août : lancement d’un mandat d’arrêt (!) contre José Bové. Les
sympathisants se réunissent à Montredon, après le marché paysan, pour définir
une riposte à cette répression démesurée. François Roux, l’avocat de la
Confédération Paysanne, lance un appel au calme.
Jeudi
19 août : José Bové se constitue prisonnier à Millau Il est mis en examen et
transféré à la prison de Montpellier. Une manifestation, suivie par cinq
cents personnes, se déroule dans le calme dans les rues de Millau, quadrillée
par trois compagnies de CRS…
Vendredi
20 août : l’affaire “Mac Do” prend une ampleur nationale. D’autres actions
anti-Mac Do sont menées à travers le pays. Suite au “référé-liberté” déposé
par leur avocat, les quatre emprisonnés sont libébés dans la soirée contre
le paiement d’une caution globale de… 420.000 F. Ils sont accueillis par les
sympathisants à La Jasse (la Maison du Larzac). José Bové, quant à lui,
devra attendre le 31 août pour être fixé sur son sort.
Samedi
21 août : organisation de la riposte “non-violente et citoyenne”. Des messages
de soutien proviennent de partout. Des actions d’information de l’opinion
publique sont décidées sur les marchés locaux. Un comité de soutien est créé
à Millau.
Mercredi
25 août : La procédure judiciaire déclenchée par la juge d’instruction
continue. Nicolas Pecrix, Serge Rieusset et Eric Darley sont convoqués à
Millau par le SRPJ de Montpellier, chargé de l’enquête sur le démontage
symbolique du chantier Mc Donald’s du 12 août. Ils sont relâchés après
audition.
Jeudi
26 août : José Bové, incarcéré depuis le 19 août à la prison de Villeneuve-lès-Maguelone,
fait savoir par son avocat François Roux qu’il n’acceptera pas une liberté
sous caution.
Vendredi
27 août : Une pétition, signée par 421 personnes affirmant avoir parti-cipé à
l’action anti-Mc Do et demandant à être inculpées, est remise par le comité
de soutien au greffe du tribunal de Millau.
Mardi 31 août : Grand
rassemblement devant le Palais de justice de Montpellier, où la chambre
d’accusation doit statuer sur le cas de José Bové. Plusieurs centaines de
manifestants (paysans, syndicalistes, militants politiques, sympathisants et
amis venus de tout le Sud) attendent le verdict dans le calme, en compagnie de
la presse nationale et internationale. Au même moment, un rassemblement de
soutien est organisé à Paris, ainsi que des manifestations devant des Mc Do un
peu partout en France. La chambre d’accusation de Montpellier reporte sa décision
au 2 septembre.
Mercredi
1er septembre : Dans
un comuniqué commun, le Syndicat de la Magistrature et le Syndicat des avocats
de France font part de leur préoccupation quant à la manière dont l’affaire
est traitée par la justice millavoise.
Les
voisins et amis de José Bové organisent une action symbolique à Montredon :
une quinzaine de tracteurs, venus de tout le plateau du Larzac, labourent les
terres du GAEC auquel appartient José
Jeudi
2 septembre : La chambre
d’accusation de Montpellier rend son verdict : le prix de la liberté de José
Bové est fixé à 105.000 F., montant identique à celui des cautions exigées
pour les quatre premiers inculpés. De sa prison, José refuse que la Confédération
paysanne paye sa caution, en déclarant notamment que “ la liberté
syndicale ne s’achète pas. ”
Samedi
4 septembre : Mobilisation générale…
et internationale autour de José Bové : industriels, hommes politiques,
artistes et syndicalistes français, mais aussi paysans et consommateurs américains,
apportent leur soutien. Des dons proviennent de toute la France, des Etats-Unis,
de plusieurs pays d’Europe, mais aussi d’Afrique et d’Asie. Action de la
Confédération paysanne à Deauville lors du festival du cinéma américain :
une mini-ferme est installée par les militants sur la plage.
Dimanche
5 septembre : Les sympathisants et
amis de José Bové organisent un pique-nique devant la prison de Villeneuve.
Les détenus manifestent leur solidarité en martelant les barreaux de leurs
cellules pendant plus d’une heure.
Mardi 7 septembre : José
Bové, prenant acte de l’ampleur du mouvement inter-national de solidarité,
accepte que sa caution soit payée non par la Confédération paysanne, mais par
les sommes reçues par son comité de soutien. Il sort de prison après trois
semaines de détention, bien décidé à “ continuer le combat contre
l’agriculture industrielle et la mondialisation. ” Dans la perspective
du sommet de l’OMC en novembre prochain, il interpelle Jacques Chirac et
Lionel Jospin. Un pique-nique avec des produits du terroir est organisé devant
la porte de la prison.
Pendant ce temps, à Millau,
l’acharnement de la justice continue : Auguste, Jean-Louis et Christian
Valette, Franck et Richard Maillé, Gilbert Fenestraz et Jean-Paul Delaitte sont
entendus par le SRPJ. Les quatre premiers sont relâchés. Le dernier, convoqué
dans la foulée par la juge d’instruction, se voit inculpé et laissé en
liberté sous réserve d’une caution de 55.000 F. à payer d’ici le 15
octobre. Richard Maillé et Gilbert Fenestraz sont convoqués par le juge pour
le lendemain.
Le soir, après avoir répondu en direct
de Montredon aux questions de Claude Sérillon dans le journal télévisé de
France 2, José participe à la fête organisée en son honneur au Cun du
Larzac. Au programme : buffet campagnard et danses occitanes.
Mercredi
8 septembre : Pour protester contre
les cautions qui continuent d’être imposées par la justice, bien que Mc
Donald’s ait renoncé à se porter partie civile dans le procès à venir, le
comité de soutien aux inculpés de Millau décide d’empê-cher Richard Maillé
et Gilbert Fenestraz de se présenter au juge Ses membres s’enchaînent devant
le tribunal, puis accompagnent, au cri de “ liberté sans rançon ”,
Alain Soulié au commissariat où il doit être entendu par le SRPJ. Il en
ressort avec une convocation devant la juge pour le lundi suivant.
A
Paris, José Bové rencontre son comité de soutien (Confédération paysanne,
Attac, AC!, Droits devant, Droit au logement, Ligue des Droits de l’Homme,
Verts, Sud, CGT, etc.) et donne une conférence de presse en compagnie des
quatre premiers inculpés libérés sous caution, Raymond Fabrègues, Jean-Emile
Sanchez, Christian Roqueirol et Léon Maillé.
Dimanche
12 septembre : A Paris, José
Bové participe en direct à l’émission de Paul Amar sur France 2. L’après-midi,
il répond à l’invitation de la Fête de l’Humanité.
Lundi
13 septembre : Alain Soulié se rend au tribunal. La décision a été prise en
accord avec le comité de soutien aux inculpés dans l’espoir que la justice
affiche de meilleures dispositions. Un espoir déçu… La juge poursuit sa
fuite en avant. Alain ressort inculpé, avec une caution de 55.000 F. à payer
avant le 15 octobre
A
Paris, José Bové participe à l’émission d’Arlette Chabot et Alain
Duhamel sur France 2, consacrée à la “mal-bouffe”.
Jeudi
16 septembre : Richard Maillé et
Gilbert Fenestraz sont arrêtés (le premier en vacances, le second à son
domicile) et comparaissent devant la juge d’instruction. Ils sont tous deux
inculpés et laissés en liberté contre paiement d’une caution de 5.000 F.
pour le premier, 55.000 F. pour le second.
Lundi
20 septembre : L’inauguration
officielle du Mc Do de Millau est annulée. Plusieurs centaines de militants et
de sympathisants de la Confédération paysanne participent à un pique-nique
musical sur le parking du “restaurant”, protégé par la police.
Jeudi
23 septembre : premier grand meeting
public organisé, à Paris, par la Coordination pour un contrôle citoyen de
l’OMC. Ce collectif, formé à partir de la dynamique lancée par l’affaire
“Mac Do” de Millau, réunit entre autres ATTAC, la Confédération Paysanne,
Droits Devant !, Droit au Logement, la CGT Finances,
les Verts, la Société française des réalisateurs de films, l’Observatoire
de la Mondialisation. Son but est d’obtenir un moratoire sur les négociations
commerciales de l’OMC, dont le prochain cycle s’ouvre fin novembre à
Seattle.
Vendredi
1er octobre : rencontre
paysans-ouvriers à Clermont-Ferrand, à l’occasion d’un débat sur la
mondialisation organisé par la CFDT Auvergne, la CGT et la Confédération
Paysanne. Au programme : les licenciements chez Michelin, la viande aux
hormones, les fusions des grandes entreprises, les méfaits des fonds de
pension, autant d’expressions d’un même mal, la mondialisation.
Mardi
5 octobre : devant la Chambre d’accusation de la Cour d’Appel de Montpellier, le
procureur fait valoir que le contrôle judiciaire et la demande de paiement de
caution pour les cinq derniers inculpés (Richard Maillé, Alain Soulié,
Gilbert Fenestras, Jean-Paul Delaitte et Jacques Barthélémy) ne sont pas
justifiés. Il argue de l’évolution de la situation (abandon de constitution
de partie civile de la part de Mac Donald’s, caution morales de hautes
personnalités). La justice se prononcera le 7 octobre pour le dernier nommé,
le 19 octobre pour les autres.
Jeudi
7 octobre : la Chambre d’accusation de la Cour d’Appel de Montpellier lève le
contrôle judiciaire pesant sur Jacques Barthélémy.
Vendredi
8 octobre : Raymond Fabrègues,
Christian Roqueirol et Léon Maillé (trois des cinq emprisonnés de l’été)
sont auditionnés par la juge d’instruction de Millau dans le cadre d’un
complément d’enquête.
Le
même jour, Jacques Barthélémy bénéficie d’un non-lieu. Le témoin qui
l’accusait d’avoir participé au démontage du 12 août ne répond pas à la
convocation de la juge d’instruction, qui souhaitait une confrontation.
Mais
la juge se rattrape vite. Quelques heures plus tard, elle inflige à Frédéric
Libot, membre de la Confédération Paysanne, une mise en examen avec placement
sous contrôle judiciaire et une caution de 55.000 F. à payer avant le 15
novembre. Le cumul des cautions s’élève maintenant à… 750.000 F. !
Mardi
12 octobre : deux mois après les “évènements” de Millau, José Bové fait la
une du “New-York Times”. On apprend par ailleurs qu’un bar de Brooklyn (un
des quartiers de New-York) a été rebaptisé de son nom et qu’un site
internet américain (“Liberté-Egalité-Roquefort”, en français dans le
texte) a été ouvert pour la défense du roquefort.
Vendredi
15 octobre : à l’appel de la
Coordination pour un contrôle citoyen de l’OMC, cent cinquante manifestants
occupent le siège de Vivendi, avenue de Friedland, à Paris. José Bové et une
quarantaine de militants aveyronnais, partis la veille de Millau, font partie du
nombre En début d’après-midi, les manifestants se rendent à La Défense
pour participer à une chaîne de solidarité entre les tours Elf et Total pour
protester contre l’ingérence des multinationales du pétrole dans la
politique intérieure africaine.
Samedi
16 octobre : pour la journée internationale contre la “macdomination”, une
centaine de militants et de sympathisants de la Confédération Paysanne
investissent le Mac Do de Millau pour un pique-nique campagnard. Ils déposent
un épouvantail censé représenté Ronald, le clown-mascotte de Mac Donald’s…
qui n’a pas encore osé se montrer par ici.
Mercredi 20 octobre : la
Cour d’Appel de Montpellier ramène de 55.000 F. à 5.000 F. les cautions de
Richard Maillé, Alain Soulié, Gilbert Fenestras et Jean-Paul Delaitte. Le
contrôle judiciaire leur impose toujours de ne pas quitter le département de
l’Aveyron, mais l’interdiction de se rencontrer est levée.
A Paris, José Bové rencontre (à leur
demande) Dominique Voynet, ministre de l’Environnement, puis Laurent Fabius,
président de l’Assemblée Nationale.
Jeudi 21 octobre : José
est reçu au ministère de l’Agriculture, où le ministre Jean Glavany
organise une “table ronde agricole”, sous la présidence de Lionel Jospin.
Le face-à-face avec Luc Guyau, de la FNSEA, est tendu. Le Premier ministre ne
souhaite pas s’engager sur les revendications émises par la Confédération
Paysanne.
Vendredi 22 octobre :
rencontre paysans-cinéastes sur le Larzac, à l’initiative des “Amis de
l’Humanité”. José Bové et les Larzaciens reçoivent les réalisateurs
Pascal Thomas (“La dilettante”), Robert Guédiguian (“Marius et
Jeannette”), Gérard Guérin (“Paysannes”) et Gérard Mordillat, membres
de la “Société des réalisateurs de films”. Devant les micros complices de
Daniel Mermet, qui diffuse ce jour-là son émission “Là-bas si j’y suis”
en direct sur “France Inter” de la Jasse du Larzac, paysans et cinéastes
constatent qu’ils se battent pour la même cause : “ moins de marché
et un peu plus d’humanité ”.
Lundi
25 octobre : José Bové poursuit son tour de France des meetings organisés par les délégations
départementales de la Confédération Paysanne. A Parthenay (Deux Sèvres), six
cents personnes viennent l’écouter.
Mardi
26 octobre : au Mans (Sarthe), il en réunit huit cents…
Jeudi
11 novembre : José Bové est invité par les députés européens Verts à Mèze (Hérault).
Il débat avec un autre invité, Pascal Lamy, le commissaire européen au
commerce, qui parlera au nom de l’Europe lors de la conférence ministérielle
de l’OMC qui s’ouvre le 27 novembre à Seattle.
Lundi
22 novembre : départ pour Seattle, via Washington, d’une délégation de sept
Sud-Aveyronnais.
Samedi
27 novembre : manifestations dans de
nombreuses villes, dont Millau, avec pour slogan : “ le monde n’est pas
une marchandise ”.
Mardi
30 novembre : les militants anti-OMC bloquent la cérémonie d’ouverture du sommet
de Seattle.
Samedi
4 avril : accueil à La Jasse (la Maison du Larzac) des sept délégués
aveyronnais de retour de la “bataille de Seattle”.
Mardi
7 décembre : compte-rendu à la Maison du Peuple de Millau de la “victoire de
Seattle” par la délégation sud-aveyronnaise.